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Méditation en Velay
15 février 2014

Une maîtrise qui Libère


La façon de gérer les pensées, nous le verrons, ne consiste ni à les bloquer ni à les nourrir indéfiniment, mais à les laisser survenir et se dissoudre d’elles-mêmes dans le champ de la pleine conscience, de sorte qu’elles n’envahissent pas notre esprit.

La méditation consiste plus exactement à prendre le contrôle de son esprit, à se familiariser avec une nouvelle compréhension du monde et à cultiver une manière d’être qui n’est plus soumise à nos schémas de pensée habituels. Elle débute souvent par une démarche analytique et se poursuit par la contemplation et la transformation intérieures.

Être libre, c’est être maître de soi-même. Ce n’est pas faire tout ce qui nous passe par la tête mais s’émanciper de la contrainte des afflictions qui dominent l’esprit et l’obscurcissent. C’est prendre sa vie en main, au lieu de l’abandonner aux tendances forgées par l’habitude et à la confusion mentale. Ce n’est pas lâcher la barre, laisser les voiles flotter au vent et le bateau partir à la dérive, mais au contraire barrer en mettant le cap vers la destination choisie : celle qu’on sait être la plus souhaitable pour soi-même et pour les autres.

Au cœur de la réalité

La compréhension dont il s’agit ici consiste en une vision plus claire de la réalité, comme on le lui reproche parfois : elle a au contraire pour but de nous faire voir la réalité telle qu’elle est – au plus près de ce que nous vivons -, de démasquer les causes profondes de la souffrance et de dissiper la confusion mentale qui nous incite à chercher le bonheur là où il ne se trouve pas. Pour parvenir à la juste vision des choses, on médite, par exemple, sur l’interdépendance de tous les phénomènes, sur leur caractère transitoire et sur la non-existence de l’ego perçu comme une entité solide et autonome à laquelle on s’identifie.

Ces méditations s’appuient également sur l’expérience acquise par des générations de contemplatifs qui ont consacré leur vie à observer les mécanismes de la pensée et la nature de la conscience, et qui ont ensuite enseigné un grand nombre de méthodes empiriques permettant de développer la clarté mentale, la vigilance, la liberté intérieure, ou encore l’amour et la compassion. Il est néanmoins indispensable de constater par soi-même la valeur de ces méthodes et de vérifier la validité des conclusions auxquelles ces sages sont parvenus. Cette vérification n’est pas une simple démarche intellectuelle : il faut redécouvrir ces conclusions puis les intégrer au plus profond de soi par un long processus de familiarisation. Cette démarche doit faire appel à la détermination, l’enthousiasme et la persévérance, ce que Shantidéva appelle « la joie de faire ce qui est bénéfique ».

On commence donc par observer et comprendre comment les pensées s’enchaînent et engendrent tout un monde d’émotions, de joies et de souffrances. On pénètre ensuite derrière l’écran des pensées pour appréhender la composante fondamentale de la conscience, la faculté cognitive première, au sein de laquelle toutes les pensées et tous les autres phénomènes mentaux surgissent.

Libérer le singe de l’esprit

Pour mener à bien cette tâche, il faut commencer par calmer son esprit turbulent. On compare l’esprit à un singe captif qui s’agite tant et si bien qu’il s’entrave lui-même et se trouve incapable de défaire ses propres chaînes.

Du tourbillon des pensées surgissent d’abord les émotions, puis les humeurs et le comportement et, à la longue, les habitudes et les traits de caractère. Tout ce qui se manifeste ainsi spontanément ne produit pas en soi de bons résultats, pas plus que semer des graines à tout vent ne fait pousser de bonnes récoltes. Il faut donc avant tout maîtriser l’esprit, à l’image du paysan qui prépare sa terre pour y jeter les semences.

Si l’on considère sincèrement les bienfaits que l’on recueille lorsqu’on fait une nouvelle expérience du monde à chaque instant de son existence, il ne semble pas excessif de passer ne serait-ce que vingt minutes par jour à mieux connaître son esprit et à l’entraîner.

Le fruit de la méditation est ce que l’on pourrait appeler une manière d’être optimale ou un bonheur authentique. Ce bonheur-là n’est pas constitué d’une succession de sensations et d’émotions plaisantes. C’est le sentiment profond d’avoir réalisé de la meilleure des façons le potentiel de connaissance et d’accomplissement qui se trouve en soi. L’aventure en vaut la peine.

-Matthieu Ricard, L'Art de la Méditation


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