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Méditation en Velay
6 août 2011

La philosophie comme chemin spirituel

 


"Il y a encore un point sur lequel circulent pas mal de préjugés. Du philosophe en occident on a fait une sorte de donneur de leçons, un « moralis­te », ou bien un « penseur », une sorte d'athlète de l'intellect réfugié dans une tour d'ivoire de concepts plus ou moins obtus, très éloignés de l'en­tendement du commun des mortels. Ce que l'Orient nous apprend est très différent. La sagesse ne s'épa­nouit que dans un état de conscience différent, plus clair et plus élevé que la conscience ordinaire. Ainsi le Vedanta n'est compréhensible que comme vision déployée de la conscience d'unité. C'est l'idée même d'un changement radical de conscience depuis l'ignorance, sur le chemin de la philosophie et dans la sagesse qui a complètement été perdu de vue. On s'est imaginé que la philosophie pouvait être étudiée, comme on étudie une science objecti­ve qui n'a aucune relation avec la vie de l'étudiant. L'idéal de l'objectivité nous amène à dissocier le connaisseur, la connaissance et le connu. Ici-bas, on peut être inculte, étroit d'esprit et de moralité douteuse, et être un bon laborantin, un scientifique efficace. C'est le propre du savoir peut-être, mais ce n'est pas la connaissance véritable. La philoso­phie commence en Occident avec la devise socra­tique « connais-toi toi-même » et il est hors de question qu'un vrai travail de lucidité nous laisse indemne. Nous sommes embarqués corps et âme dans l'aventure, sans cela, il n'y pas la moindre trace de sérieux dans la philosophie. Autant lire des magazines ou faire des mots croisés. Il est regret­table que nous ayons perdu de vue le « connais-toi toi-même » de Socrate, car c'est le fil conducteur de la philosophie et précisément ce qui fait d'elle un chemin spirituel.

Si d'aventure nous pouvions redonner à la phi­losophie sa juste valeur, c'est en partant de là.

Une libre investigation, en dehors de toute cha­pelle religieuse, en dehors de toute idéologie, des cénacles de toutes sortes, une libre investigation de soi dans la relation directe avec la vie. En joyeuse compagnie et en bonne intelligence d'une pléiade d'auteurs qui méritent d'être lus. Faire du voyage une vraie nourriture de l'intelli­gence qui, ne modifiant pas notre regard sur l'uni­vers, change notre manière d'être. La philosophie ne retrouve son sens que quand on lui rend sa dimension spirituelle, sinon elle n'est qu'un jeu de l'intellect sans rapport avec la Vie. Ce qu'inverse­ment nous oublions trop souvent en lisant les auteurs spirituels, c'est qu'en réalité, nous ne com­muniquons sur les questions de fond que philoso­phiquement. C'est sur le terrain de la philosophie que nous développons une compréhension et une communication.

Il était inévitable qu'au temps du matérialisme triomphant la philosophie entre dans le déclin, il est tout aussi inévitable qu'avec un éveil global de la conscience elle retrouve sa juste place. Qui ne sera pas purement universitaire. Qui aura certainement, comme on le voit avec Stephen Jourdain, une accointance étroite avec la poésie. Ce sera comme revenir à nos premières amours au contact vif de la vérité, quand nous avions un élan vers le vrai qui voulait embrasser tout l'univers."

Serge Carfantan


 

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